J’ai eu la très grande joie d’être interviewée sur le site de VaudFamille dont voici la retranscription.

Réflexes archaïques, qu’est-ce que c’est? 

Vous avez dit réflexes archaïques ?

Stéphanie Cherdel, thérapeute en kinésiologie à Pully/Lausanne, évoque l’importance des réflexes archaïques dans le développement moteur, émotionnel et cognitif du nourrisson et de l’enfant.

La Family – A quoi servent les réflexes archaïques ?

Stéphanie Cherdel Ils ont un rôle de survie tout d’abord. Ils émergent in utero et restent actifs plusieurs mois après la naissance.

Des exemples ?

On peut citer au moment de la naissance, le réflexe de ramper jusqu’au sein de la maman, de l’agripper et de téter. C’est ce qu’on appelle le réflexe de succion et de déglutition.

C’est le genre de réflexes que l’on vérifie à l’accouchement ?

Oui. S’ils étaient absents, cela pourrait indiquer un risque de problème d’ordre neurologique grave. Par la suite, la médecine, les pédiatres les oublient alors qu’ils sont pourtant à la base de nos mouvements, de notre développement.

Nous finissons par assimiler ces réflexes innés ?

Ils sont censés s’intégrer durant la première année de vie du bébé et évoluer en réflexes de vie. Seulement, cela ne se passe pas toujours ainsi et chez certains enfants, ils ne s’intègrent pas complètement. Ils viennent alors les parasiter et les empêchent d’avoir accès à leur plein potentiel.

Et cela peut avoir des répercussions ?

En effet, cela peut impacter l’apprentissage, entraîner des troubles persistants de l’attention avec hyperactivité. Des enfants peuvent éprouver des difficultés à écouter, à écrire, à lire, à parler, ou même à faire du sport parce que ces réflexes sont toujours actifs.

Ça ressemble aux troubles dys, non ?

Les complications de type dys peuvent résulter de réflexes archaïques mal intégrés. J’interviens en amont et en complément du logopédiste, de l’ostéopathe ou de l’ergothérapeute qui vont agir sur la posture, sur la motricité de l’enfant. Mon intervention se fait conjointement et sans se substituer à leur travail.

Comment procédez-vous ? Comment établissez-vous un bilan quand un enfant vient vous voir pour la première fois ?

A la première séance, je vais tester un ensemble de réflexes pour voir ceux qui ne sont pas intégrés. En tant que kinésiologue, j’utilise le test musculaire pour me guider et pour voir comment le corps est impacté par ces réflexes. En fonction de la demande du parent et surtout selon ce que l’enfant aimerait changer le plus dans sa vie, on va se fixer un objectif qui va orienter les séances.

Que désirent justement les enfants ?

Ne plus avoir peur de la maîtresse, être moins timide et se faire des amis, être à l’aise et faire du sport dans la cour de récré font souvent partie des choses importantes à leurs yeux. Il y a bien sûr également tous les problèmes rencontrés en classe et dans leur travail.

Et pour ça, l’intégration des réflexes archaïques va pouvoir les aider ?

Oui, tout comme ils peuvent être efficaces pour des soucis de pipi au lit, d’élocution, de troubles du sommeil ou pour des enfants hypersensibles et anxieux. En quelques séances, ils vont prendre conscience de leur corps, se sentir plus à l’aise et reprendre confiance en eux.

Les réflexes archaïques jouent à la fois sur le corps et sur le psychisme ?

Ils sont gérés par la partie la plus primitive de notre cerveau, le tronc cérébral, responsable des fonctions automatiques de notre système nerveux. Lorsqu’ils sont mal intégrés, ils affectent l’équilibre émotionnel de l’enfant, l’estime et la confiance en soi peuvent en souffrir. Il est possible alors d’avoir affaire à des enfants facilement irritables, hypersensibles ou aux comportements « intenses ».

Comment réintégrez-vous ces réflexes lors de vos séances ?

Cela fonctionne sur deux grands axes, les mouvements rythmiques et les pressions isométriques. Les mouvements rythmiques imitent ce que fait bébé naturellement pour faire maturer ses réflexes.

Des exemples de gestes que vous exécutez ? 

Il y a beaucoup de balancements de la tête, du dos, du thorax. Ce sont des mouvements qui peuvent être passifs – c’est moi qui initie le mouvement – ou actifs – c’est l’enfant qui l’initie. Souvent, l’enfant choisit deux ou trois mouvements à faire à la maison avec papa ou maman et qui ne prennent que quelques minutes avant le coucher. Les enfants sont souvent contents d’avoir ce petit rituel avec leurs parents.

Au bout de combien de temps voit-on des progrès ?

En 4-5 séances, nous obtenons des résultats très intéressants et l’on dénoue plein de choses. Même si ce n’est pas une recette miracle, les enfants et les ados se sentent mieux après, plus sereins et redeviennent maîtres de leurs mouvements.

Il existe plusieurs méthodes ?

Plusieurs méthodes ont vu le jour depuis les années 70-80 dans les pays anglo-saxons notamment. Personnellement, je suis formée à la méthode RMTi – Rhythmic Movement Training international –, basée sur le mouvement et les programmes innés du bébé. J’ai également souvent recours à des mouvements de Brain Gym et à la kinésiologie en fonction du besoin.

Pour finir, un conseil aux parents qui pourraient être concernés ?

Rien ne sert de crier ou de disputer des enfants qui ne tiennent pas en place ou qui ont du mal à se concentrer, ils n’y peuvent rien. L’approche par les réflexes archaïques est une façon naturelle et ludique qui va les débloquer. C’est un peu comme si après de longues années, on leur enlevait le caillou qu’ils avaient dans leur chaussure et qu’ils pouvaient tout d’un coup remarcher librement… Pour voir l’intégralité de l’article: https://www.vaudfamille.ch/N1370165/reflexes-archaiques-qu-est-ce-que-c-est.html